L’art informel par Linda Urfens-Foucan
L’émergence entre l’art informel , le surréalisme et le théâtre performatif a su faire converger tous les phénomènes esthétiques vers l’ère picturale jusqu’à rapprocher la géométrie de l’espace à la biomécanique de Meyerhold, à Stanislavski, en passant par la danse et de sa biomécanique, à Rudolphe Laban.
De la représentation de la mort du Christ de Rembrandt, en passant par des peintres tels que Goya , Delacroix , Picasso à l’art performatif et informel comme Jean Fautrier avec ses figures chronomatiques, à Jean Dubuffet et à son ART BRUT…
De cet héritage artistique, qui a introduit aussi l’écriture automatique et picturale spontanée, au dadaïsme en passant par les champs magnétiques de la pensée dans l’univers dramatique, comme les dispositifs scéniques de Francis Picabia , ou les fragments de André Breton aux sommeils hypnotiques, de Robert Desnos, toutes ces formes expérimentales ont participé à la construction du théâtre surréaliste et de l’art performatif, en passant par les mouvements sociétaux d’avant-gardistes, faisant éclore les interactions digitales et virtuelles dans l’espace public .
Maintenant les artistes travaillent avec les nouveaux outils de la technologie, de l’art numérique immersif, en passant par le multimédia, l’IA et l’audiovisuel .
L’ère appartient maintenant aux algorithmes , à la communication virtuelle de l’homme machine et à l’univers artificiel généré par des ordinateurs .
Les murs de projection deviennent autant perméables que la vitesse , qu’aux changements de direction et d’angles, qu’aux raccourcis techniques de l’artiste.
Peut-on dire que l’art numérique rend le corps et son support minimaliste dans les performances interactives technologiques ?
De l’écran tactile, aux électrodes sur le corps qui élargissent les champs d’applications du spectre des mouvements, et au mode de financement de toutes ces créations qui ne seront plus catégorisées en théâtre mais bien en catégorie de l’industrie des médias, une industrie média qui servira de mécène régulateur, là ou les pouvoirs publics ne pourront plus financer des projets et ne voudront plus prendre en charge les lieux de diffusion et de projection.
En regardant de près certaines archives, on s’aperçoit très vite que ce qui est dit aujourd’hui par les pouvoirs publics sur les moyens financiers pour le théâtre est à l’identique du discours politique de 1975 sur le financement des lieux de diffusion et de projection sur la danse par André Malraux , à la différence qu’avec le numérique, la licence d’entrepreneur de spectacles va poser un problème sur les arts vivants, d’autant que chaque collectivité territoriale possède sa propre stratégie et conception de ce que doit être l’art et l’action est limitée par les budgets .
Ainsi , Les créateurs , et les artistes vont se retrouver bloqués, affaiblis confrontés à des situations de grande précarité professionnelle, face à des financiers qui ne résonnent pas en terme d’art, ni en terme d’implantation sur le long terme, car le numérique et le digital transforment l’agencement de son financement vers des grands investisseurs qui n’ont aucun regard pour les petits spectacles et les petits projets, et avec la métropole du Grand Paris, il va y avoir un changement des cartes, qu’il faudra étudier de très près, à savoir la délimitation de l’intérêt local face à la loi 2003 qui autorise aux collectivités de pouvoir élaborer elles-mêmes les modalités d’exercice de leurs compétences, ce qui va faire basculer l’Etat, en des états régionalisés, vers le système américain, avec des lois régionales, ce qui changera et rendra difficile l’accès des budgets sur les arts vivants, et qui fera disparaître les établissements intermédiaires pour les très grands projets avec les très grands investisseurs . Texte de Linda Urfens-Foucan
Kernos
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